Amorgos
Dimanche, on se lève avec le jour, à 7h30 on est parti, petit déj en route et le vent arrive. Sous génois et GV, belle traversée, nous voilà au portant vers Amorgos en duo avec Fulmar. Un petit message à Véro en passant devant Keros, c'est son anniversaire. On fait des photos les uns des autres, les vagues se développent, on avance bien 6 nds, voire plus.
C'est rare d'avoir une photo d'India sous voile. Merci Roland.
A 10h30 après une belle manœuvre nous voici attablés devant un bon café/jus d'orange à Katapola, le principal port d'Amorgos.
Les agents du port de Katapola au travail sur le quai
On va y rester au moins deux jours, histoire de se balader et de laisser passer le coup de vent. A 13h30 on prend le bus pour la chora, là haut dans la montagne. Le village se découvre au détour d'un virage. Il est invisible de la côte, les maisons blanches groupées autour d'un gros rocher.
C'est souvent le cas dans les îles, le but était de se protéger des pirates qui pillaient les rivages. Amorgos a fait partie du fief de Barberousse dont le repaire était à Antiparos. On traîne dans les ruelles de ce beau village à la fois touristique et bien vivant (1700 habitants l'hiver).
Le village est typique des Cyclades, mais on n'a pas cette impression de carte postale, les maisons ne sont pas toutes léchées. On y croise beaucoup de français, l'effet Grand Bleu ? Tourné en partie ici.Puis à la sortie haute du village, on prend un sentier muletier, une descente raide sur la côte sud de l'île.
Au pied des rochers on découvre le chemin qui monte vers le célèbre monastère de Panagia Hozoviotissa collé au milieu de la falaise surplombant la mer.
Un air de Tibet au bord de la mer. Un festival de bleu et de blanc.
Une minuscule porte d'entrée, des escaliers raides et étroits collés au rocher. Le bâtiment fait 40m de hauteur mais seulement 5m de large. Il a été construit vers l'an 1000, nous dira le guide qui parle de miracles car les rochers tombant régulièrement de la falaise n'ont jamais fait de victimes ni causé de dégâts au monastère, comme s'ils étaient déviés de leur trajectoire par une force surnaturelle venue peut être du ciel… La paroi a été creusée pour en extraire les pierres qui forment le mur extérieur du bâtiment , quel boulot !
Toutes les fenêtres ont la même vue.
Dans la minuscule église il y a une des plus anciennes icônes orthodoxes, encore plus âgée que le monastère qui a été construit pour elle. Dans les murs sont scellées des amphores dont on ne voit que le goulot pour apporter une belle acoustique pendant le chant des moines. Deux vivent encore là. Ils sont arrivés à l'âge de 18 ans et ils en ont presque 70…. Pour finir, on nous sert un verre de rakomeli, spécialité de l'ile au raki et miel (genre hydromel), un verre d'eau et des loukoumis, la tradition de l'hospitalité des moines.
On quitte ce lieu fort pour remonter à pied jusqu’à la chora (le village).
On a RDV avec Roland et Hugo son fils, qui veut nous faire découvrir une taverna de mezzés. Attablés sous une tonnelle dans une ruelle, on nous sert des plats traditionnels grecs réinventés, on se régale, tout en argumentant vivement autour de Mélenchon défendu becs et ongles par Roland (c’est son idole) et Hugo…. Retour très tard entassés à cinq dans un taxi, bonjour les gestes barrières !
Lundi on reste tranquille, chacun ses occupations, je répare encore l'annexe (il y avait une deuxième micro fuite), on va bouquiner ou travailler dans le petit jardin botanique réalisé et tenu par des bénévoles, un endroit tranquille, à l'ombre avec buvette et très bonne musique ( The Gloaming notamment) à deux pas du port. On y trouve toutes les plantes méditerranéennes jusqu'au pistachier lentisque qui donne la mastica..
On loue une voiture pour aller se balader demain et pour rendre la pareille à Hugo qui nous a tous invités hier soir. Donc, accros, on retourne manger d'autres mezzés chez Tranzistoraki, encore une belle soirée avec pour thème de placer le mot Mélenchon au moins 47 fois 1/2. Demain Hugo et Roland partent vers l'ouest, nous on reste un jour de plus pour visiter l’île.
30 kms du nord au sud. 6kms dans la partie la plus large. Une montagne dans la mer
Mardi matin après un « au revoir à bientôt » à Fulmar, on dépose notre lessive à la laverie et en route pour le nord de l'île. 25 kms de route de montagne car tous les villages sauf les deux ports sont perchés. Montagnes pelées, sans arbres, des buissons et des herbes piquantes grillées par le soleil, des kilomètres de vieux murs en pierres sèches qui remontent jusque vers les sommets, des troupeaux de chèvres dont on se demande ce qu’elles peuvent bien manger. On va jusqu'au bout de la route au village de Lagkada.
Village bien vivant, dans son jus bien que touristique. On retrouve les ruelles, le blanc partout, le bleu souvent.
Un peintre est en train de rafraîchir les marches d'escalier d’une rue.
A la sortie du village une petite chapelle, blanche bien sûr, dans la falaise, encore une, nous attire. Par un escalier escarpé on atteint ce minuscule endroit perché.
Puis direction le sud d’Amorgos, toujours par la montagne, trois tout petits villages, des cultures, des jardins. Ici c'est moins escarpé mais plus sauvage qu'au nord. Arrêt dans la dernière taverne au bord de la route, sous la tonnelle, on mange les légumes de leur jardin. On continue vers le bout du bout de la route, au passage on descend dans une crique où est échoué un vieux cargo. Encore un des lieux de tournage du Grand Bleu. C'est un peu sinistre.
Puis la dernière baie tout au sud ouest, sorte de lagon assez joli. On a bien fait de ne pas venir y mouiller, elle est presque complètement occupée par des barques de pêche.
De retour au bateau message de Hugo et Roland confirmé par la météo est très mauvaise pour la fin de semaine, un médicane (un cyclone méditerranéen) se prépare.
D’après le boss d'Hugo, il n'y a que deux endroits assez abrités dans les Cyclades, Ermopouli sur Sìros trop loin pour nous, et Nàousa sur Paros à 42 milles au nord. Fulmar a changé ses plans et remonte vers Paros, ce soir ils sont à Missirni. On voulait aller sur Ios pour faciliter le retour de Micha vers Athènes et avec l'intention de visiter Sikinos l'ile voisine.. Pas un bon plan compte tenu des prévisions météo.. .Du coup on fait quoi ? On va nous aussi monter vers Paros, mais demain fort vent dans le nez. On décide alors de partir ce soir et naviguer de nuit pour les rejoindre à Schinoussa il y aura moins de vent que demain. Finalement Marie propose d’aller d'une traite jusqu'à Nàousa, une nuit entière de navigation entre les îles et les cailloux, dont la plupart ne sont pas balisés la nuit. Des vagues et un vent favorable au départ, moins de vagues ensuite mais pas de vent et enfin vent de plus en plus fort et vagues de face… Partis à 22h, on est arrivé à 8h dans un mouillage. J'ai quand même pu dormir une heure relayé par Marie qui a dormi 2h.. … Fourbus mais heureux de cette nav de nuit.
Entre le suivi du ferry à l'AIS qui va d’île en île, les étoiles, je retrouve Cassiopée, le Cygne, le Dauphin et l'Aigle majestueux et Altaïr, puis en fin de nuit la constellation d'Orion s’élève sur l'horizon annoncée par les Pléiades et Hyades.. Quel plaisir de retrouver ces moments suspendus entre ciel et terre, la nuit.. j'adore. JJ est très concentré, je le sens dans son élément. La navigation de nuit c'est magique même s'il faut rester prudent. Micha est brassée sur sa couchette. Elle retrouve des couleurs après avoir bu eau et menthe poivrée et mâchonné du gingembre.