Fin de saison, confinement oblige. De Kilada à Karystos

Vendredi 30 octobre,

La France est à nouveau confinée à l'exception des travailleurs, écoliers et lycéens. On ne peut tout de même pas bloquer complètement l’économie deux fois dans la même année n'est il pas ?.. . Du coup la fête prévue dans deux gîtes en Montagne Noire pour  les 100 ans de Jean Jacques et Lou tombe à l'eau…  Quel dommage on devait se retrouver à plus de 30 personnes, les enfants, petits enfants de JJ (ceux qui pouvaient..),  frères et sœurs de JJ, les nantais, les landais, Magali, Paolo, Pilou, Jade, David .. ..On rentrait  en France pour cette belle occasion prévue les 28 et 29 novembre, pile pendant le confinement. A refese…. Cela remet en question notre retour en France mi novembre….On découvre Kilada sous le soleil après la rincée de la veille.Tout tourne autour du port de pêche, pas grand-chose d'autre. Une petite supérette sur le port gérée à « l'ancienne », les rayons sont bien vides pourtant on n'est plus sur une île. Un dépôt de pain tenu par un rocker avec sa sono à fond et deux bistrots ouverts où les vieux du village se retrouvent autour de leurs kaféfrappé. Dans la rue de derrière on finit par trouver un marchand de légumes et une superette un peu plus grande. Par contre, il y a ici une concentration impressionnante de Mercédès neuves, un coin de rupins qui cachent leurs belles maisons dans la nature. L'ile en face du port est privée, c'est la résidence d'un armateur. Retour au bateau et on part en annexe sur la rive d'en face voir la grotte de  Franchthi, un site archéologique. Il y a même un embarcadère pour nous accueillir.

Des étudiants belges flamands sans doute, sont là, ils scannent la grotte pour faire une image 3D. Pendant ce temps on se balade sur le sentier côtier escarpé qui passe dans les falaises et rochers où poussent des cyclamens et crocus jaunes énormes sauvages.

La grotte a été habitée il y a 30 000 ans, les premières traces d'habitation datant du Paléolithique et les dernières des années 1990 quand elle servait de bergerie au troupeau d'un paysan. Des panneaux bien faits expliquent ce qui a été trouvé sur ce site bien avant l'Antiquité. De retour au bateau , je regarde les prochains endroits sympas où on peut aller Kaidahri, une jolie baie où j’étais passé avec Soualé. Je retrouve mes notes de mouillages consignées dans un cahier. Mais dans la soirée, on apprend que la Grèce aussi renforce ses mesures anti-Covid. Pas de confinement pour le moment mais couvre-feu de minuit à 5h (pas trop gênant !), des zones rouges où le virus est très actif, mais ça risque d’évoluer vite. Au printemps dernier le confinement en Grèce était accompagné d'une interdiction de naviguer.. Réunion avec l'équipage : on n'a pas envie de se retrouver confiné sur le bateau n'importe où . On décide donc de revenir rapidement à Karystos avant un gros coup de vent milieu de semaine prochaine. Et si la météo est sympa on naviguera dans les environs pour pouvoir revenir vite et mettre le bateau à sec au cas où la situation empire. Ah oui, coup de tel de Stéphane rencontre à Finikas (syros).. Son moteur est réparé il est lui-même à Finikas. Il nous dit avoir trouvé la jolie polaire rouge de JJ (la même que celle de Gilbert😉) dans les douches. Du coup elle sera pas perdue pour tout le monde… Si on se recroise au gré du hasard….

Samedi 31 octobre  Halloween, oui mais surtout 29 ans de Jade, pleine lune et lune bleue : treize lunes dans l’année dont deux en octobre. Ce phénomène se reproduira seulement en 2039…. C'est le bon jour pour faire le tri et laisser de côté tout ce qu'on ne veut plus pour se tourner vers l’avenir léger et encouragé puissamment par la lune bleue…. Il y en a bien besoin compte tenu de la période.. .Il fait encore nuit, et la pleine lune nous accompagne,  quand tôt le matin on quitte Kilada pour une grosse journée vers le Nord. On vise un mouillage sur Égine dans le golfe Saronique ou un autre près de Poros. Malgré plusieurs tentatives, on n'a pas fait beaucoup de voile, soit pas de vent, soit vent de face. Quel que soit notre cap, le vent tournait avec nous et on l'avait toujours dans le nez. Finalement après 11h de teuf-teuf on est arrivé à  Agia Marina, un joli mouillage d’Égine pas loin du temple d’Aphéa (voir octobre 2018 dans le blog). Vite un tour à terre avant la nuit pour acheter des pistaches, la spécialité de l’île. Ici aussi, malgré le week-end et la proximité d'Athènes la plupart des commerces sont fermés.  
De retour au bateau, rendez-vous apéro WhatsApp vidéo avec Lou et Jade pour l'anniversaire de Jade. Un super moment virtuel passé ensemble à dire que des bêtises et à rigoler… Virtuel oui mais on ouvre des bulles pour fêter ça avec pistaches, tsatsiki et tarama faits « bateau »…pour trinquer de loin….YAMAS…

L’étape de dimanche est plus courte, le soleil nous accompagne pour cette traversée du golfe jusqu'au cap Sounion, le bout Nord-Est du golfe Saronique. On peut enfin faire de la voile j’ai du mal à équilibrer le bateau au prés entre les ris et le génois plus où moins enroulé. La flemme de gréer le foc de route avec ce vent incertain qui monte, descend, remonte... Étape houleuse travers puis grand largue avec des bonnes rafales. On surveille les cargos, ferries et autres gros yachts qui entrent ou sortent du port du Pirée.

Sur la côte on distingue nettement les maisons blanches d’Athènes.

Je fais le gâto du dimanche d'après une recette donnée  par Lou, le gâteau moelleux de la JOIE avec les épices cultes de Hildegarde, c'est pas beau çà, de plus il tient ses promesses, délicieux, onctueux il est. En début d'après-midi on est dans la crique sous le cap. En haut le temple de Poséidon dresse ses colonnes. C'est dimanche, on y voit pas mal de promeneurs. On saute dans l'annexe et nous aussi on va visiter à l'heure de la belle lumière. Le temple de Poséidon forme le triangle sacré avec le temple d’Aphea sur Aegina et le Parthénon à Athènes.. 

Deuxième visite d'un grand site et bingo ! Encore une fois c'est gratuit aujourd'hui, sans doute pour compenser la fermeture de tous les commerces ce dimanche  alors que ce devait être le premier jour des soldes en Grèce. L’endroit est superbe, une vue à plus de 180 degrés sur la mer et les îles. Les colonnes en marbre s’élèvent et tout en bas derrière  on voit India qui se balance au gré des rafales. Retour en annexe avec une belle photo du capitaine. Nuit tranquille avec Poséidon, le dieu de la mer et la pleine lune qui veillent sur nous.

Lundi temps gris, ça  sent l'automne pour cette dernière étape ….Qu'est ce qui nous attend ? On fait quoi ? Si on rentre en France, on va où ? La maison est occupée jusqu'à l'été prochain. Pourquoi pas Pintou ? Mais est-ce que ça serait possible de circuler jusque-là ?  Ici, la situation est moins tendue. Pas envie d'aller directement au port, signe de fin du voyage. Alors on se fait encore un petit mouillage à deux milles de Karystos histoire de se poser, de réfléchir à la situation.

Au final on décide de ne pas rentrer en France, on va passer l'hiver ici, tant pis pour les rendez-vous médicaux planifiés de longue date, cette année aucun plan n'a été tenu. On va trouver un truc à louer et en attendant on reste sur le bateau, dans le port. Si ça se calme en France et qu'on peut circuler on aimerait y faire un tour pendant l'hiver, on verra. On se débrouillera ici pour acheter quelques fringues d'hiver et on fera avec.

Mardi nous retrouvons le port de Karystos, plutôt vide, seulement trois voiliers. Impression de « rentrer à la maison ». Passage au chantier pour dire bonjour et prendre une douche chaude puis je récupère le fourgon chez le carrossier avec son arrière train tout neuf. Dans la soirée Roland passe nous dire un coucou sympa, puis Yves propose d'aller manger un bout pendant que ses dames sont allées chanter. Les avions pour Montpellier ont été annulés, ils sont donc encore là pour un moment. On se dit qu'on aimerait encore naviguer, attendre que le vent se calme.. On pense à une mise à sec semaine suivante…
 
Mercredi on retrouve nos marques à Karystos, petit café, jus d'orange,  tyropita, l'épicerie avec de jolis légumes pas chers du tout… dans l'après-midi on cherche un coin tranquille pour déballer tout ce qui est dans le fourgon et faire un tri dans les affaires dont on va avoir besoin. Bilan : On n'a pas grand-chose à se mette sur le dos pour l’automne-hiver.

Le soir je paye le resto à l'équipage, on va à Cavo Doro. Ça discute à la table d'à côté avec le patron, ce sont des français Gilles et Catherine, amis de Yola, Yves…. On prend part aux échanges, il va se passer des choses…  conférence de presse demain à midi.... Il est question de reconfinement vendredi ou samedi… Va falloir s'organiser.  
Alors là tout s'accélère. Plus question de continuer à  naviguer. L'interdiction de naviguer va avec le confinement …

Jeudi matin je file au chantier pour prévoir la mise à sec du bateau. Ok pour vendredi, puis une matinée shopping : jean's, pull, chaussures, manteau et blouson. On n'a jamais autant acheté de fringues en si peu de temps, surtout JJ.. Dans le même temps on apprend que la maison de Laurence est libre, Camille sa fille, et sa petite famille repartent en Bretagne incessamment, elle nous laisse sa maison. Y a plus ka.. je croise Yola dans la rue et une heure plus tard nous voilà attablés avec une dizaine de français qui se demandent quand et comment rentrer en France. C’est officiel : confinement de trois semaines dans toute la Grèce à partir de samedi 6h du mat. Dans l'après-midi comme il ne pleut pas, on enlève les voiles, on commence à ranger India.  On a fait fort, programmer  la sortie de l'eau d'India avant le confinement, malgré le vent qui souffle fort,  trouver une maison pour samedi, s’équiper pour l'hiver avant que les commerces non essentiels ferment… Très content de nous on est.. ..Dans la nuit il pleut des cordes, de violentes rafales de vent d'est nous amènent vers, voire contre le quai. Renforcement de gardes, reprendre de l'ancre pour sécuriser l'amarrage.. On est tous les deux sur le pont, on guette, on veille, on est mouillé.. .. L’ancre du voisin a décroché, il part dans la nuit après avoir tenté de rétablir la situation en démarrant le moteur.  

Vendredi filer au chantier voir Panagiotis. Chance, ils avancent l'heure de sortie du bateau,  d'habitude c'est l'inverse… Acheter une puce de téléphone grecque. Il paraît qu'ici les autorisations de sortie se font par SMS. Vangelis est déjà là pour guider India jusque sur la remorque. Ils galèrent un peu pour positionner le bateau, il y a des petites rafales de vent de travers.

En fin de matinée Cécile nous amène chez Laurence à  Grabias, un hameau à flanc de montagne qui domine la baie et la ville. On fait le tour de la maison pour les consignes. Retour au bateau, nous voilà perchés sur la remorque en attendant qu'ils le mettent à sa place. Puis pendant qu'on mange le vent monte, monte, monte. Derniers achats avant le confinement, on remplit de bois le coffre du fourgon. Dans l'après-midi on a des rafales à 42 nœuds, le bateau vibre pendant qu'on rangeVers 20h tout est ok, bateau fermé,  affaires dans le fourgon,  papiers de sortie Covid imprimés et il pleut. On attaque la montée vers Grabias, la route est étroite les derniers mètres sont très très raides, chargé comme on est et avec la pluie on patine… j'arrive à reculer dans l'entrée d’une maison et avec l'élan ça passe juste. Apres avoir déchargé en vitesse dans les rafales et sous la pluie, on mange et dodo, exténué on est. Chance aujourd'hui encore….quelques heures de plus et on ne pouvait pas sortir India de l'eau avec cette mauvaise météo prévue pour la semaine à venir, on serait resté  confiné sur le bateau car impossible de le laisser tout seul au port avec ce vent.
Fin du périple, une autre aventure commence. On va profiter cet hiver d'être proche du chantier pour faire des améliorations, réparations, mise en beauté d’India…  On ne résiste pas de vous montrer l'endroit où on va passer l'hiver. Confinés, oui mais y a pire..

La tonnelle

Terrasse avec vue

 Alors le blog aussi va hiverner…

A  bientôt pour la remise à l'eau, au printemps si tout va bien.. .