Psara 2

Un texte de Patrice sur Psara. Un beau cadeau qu'il nous a fait et que l'on partage avec vous.

Psara.
 
             A Marie, Jean-Jacques et India
 
Le jour s'est habillé de voile blanc. Derrière ce rideau lumineux, le regard du soleil réchauffe nos pensées.  
Les pensées sont lentes encore gelées par la fraîcheur de la nuit.
 
Les hommes parlent fort dehors avec cet accent olympique, fort, chantant et vivifiant. Ils parlent comme sur toutes les places de village au petit matin. Nul besoin de traduction pour en saisir le sens. Ce n'est que le jeu des hommes entre eux pour vérifier qu'ils sont vivant, ce matin aussi.
455 !
 Sur cette île de quelques kilomètres un seul village-port.
On y naît, on y meurt. Pour d'autres on arrive, on part. Certains sont de retour. Ce sont des aventuriers du plastique, chercheurs de travail. Le samedi soir tous s'y retrouvent sur le port, s'embrassent, s'exclament.
A Psara on ne détruit pas les vielles maisons, une autre est construite à côté, parfois même à l'identique. La mémoire des pierres se fait ombre derrière les femmes en noir.
 
Fin de journée, tous les enfants piaillent sur la place du village, un vol d'étourneaux. Ni hommes, ni femmes ne paraissent y prêter attention, la liberté s'apprend, l'amour n'a pas besoin d’échafaudage d'adulte.
 
La haut, le moulin sans aile veille encore sur le vent. Il garde le secret de ces amours enlacés au bout de la jetée. Ces silhouettes dans le coucher de soleil nous font encore rêver.
Les secrets d'ici prennent tant de place.
455 habitants. Il faudrait une vie pour vraiment les connaître.
 
26 mai 2019
    Patrice Szinétar