Skyros road trip !

Mardi 14…
Météo très incertaine, pâles rayons de soleil, pluie et maintenant orage. Les bulletins météo sont contradictoires, tout le monde attend un bon coup de vent du Sud. Dans le doute on est resté à Linaria. Un bateau français arrivé ce matin nous dit avoir été entouré d'orages tout au long de la nuit depuis Samos.. Pas facile de prendre la bonne décision surtout en équipage réduit sur un petit voilier.  

Dimanche on part du village jusqu'aux étangs de Kalamitsa par les sentiers faits par les chèvres et les moutons.  On passe parmi les épineux, le thym, la sauge, la sarriette en fleurs, le fenouil, les nigelles de Damas bleues ou blanches, les immortelles (huuum l'odeur, un régal ), les châtons comme dans les dunes à  l'ile d’Oléron lorsque j'étais enfant. Quelques corneilles brunes et noires tournoient. Mais point de migrateurs ni de faucons comme annoncé. On termine cette journée dans une taverne en mangeant de la chèvre au four sauce citron. Sakis, le gars du port entre et nous offre un alcool à base de mastika de Chios, très bon pas trop sucré ni trop alcoolisé tandis que la taverne offre le dessert.  
Hier formalités et visite de l'île. Pas de soleil, mais pas de pluie non plus. Heureusement car on avait loué un scooter. Vu la couleur de nos casques, Marie est bâbord et moi tribord….

 

 
Levé tôt pour être à l'ouverture à l'unique banque de l'île car la queue est souvent longue, j'ai quand-même passé quasiment une heure pour arriver à payer mes 75€ (pour 3 mois) de la nouvelle taxe TEPAI . C’était lundi à l'ouverture, c'etait nouveau pour eux et pas moyen d'enregistrer mes références dans leur logiciel et c'est pourtant la banque d'état ! Mais après coups de fils, mails, etc… cela a été plus vite que je ne pensais.

Ensuite visite de la Xora ( « x » à prononcer comme un « h » aspiré) de Skyros,

la xora dans les îles ça veut  à peu près dire chef lieu quand celui-ci porte le même nom que l'île elle-même. Joli village tout blanc accroché à la pente du kastro (le château) opposée à la mer. Château vénitien perché sur un piton rocheux.

Dans l'enceinte du kastro se trouve un monastère. D'en bas, accroché à la paroi, il a un petit air tibétain.

Difficile d'éviter un poteau ou un fil électrique, il y en a partout. 😕

On démarre dans la Grande Rue de deux mètres de large de laquelle partent des ruelles étroites vers le haut ou vers le bas. On suit vaguement les flèches de ruelles montantes et on arrive à l'entrée du monastère.

Puis on redescend en se laissant perdre dans l'entrelac des escaliers et passages à la découverte de petites maisons toutes plus belles les unes que les autres.

Un mélange de gros village touristique et de capitale locale. Très peu de touristes comme nous, mais pas mal de boutiques d'artisanat, etc.. plutôt de bon goût. Dans la rue principale, trois cafés se font face où sont affichés de grands portraits de politiciens. En vue des élections européennes ce sont des permanences électorales. Bien plus sympa et convivial que chez nous, non ?

Quelques affiches datent du carnaval très fêté sur l'ile. Il commence en janvier et se termine mardi gras.. La légende raconte qu'il y a fort longtemps tout le bétail de l’île aurait péri durant un hiver glacial. Pour prévenir le village un berger désespéré aurait attaché toutes les cloches des bêtes mortes autour de sa taille, revêtu leurs peaux, puis seraient montés au monastère au son de ses cloches.. Le personnage s'appelle un yero.  

Depuis les hommes du village vêtus de peaux de bête sillonnent les ruelles en portant parfois plus de 50 kgs de cloches en cuivre suivis par les femmes en paysanne dont le visage porte un masque de tristesse. Poussée à l’extrême cette tragédie se transforme en drôlerie.  On pleure et on rigole.. mais pour ça faut venir en hiver.

Après un plat de γαύρος (anchois) et de καλαμάρι (calamars) nous voilà repartis sur notre coursier Pigeot  orange. La carte locale nous propose des sentiers de balade à pied. Après plusieurs tentatives, impossible d'en trouver un seul. On a pourtant essayé, traces de chèvres,  pistes hyper raides. A chaque fois soit la trace se perd dans la nature, soit on arrive à l'entrée d'une maison.

Direction sud de l'île par une route qui serpente à mi hauteur dans des collines désertiques.  Un bout du monde que seuls les militaires disputent aux chèvres. Des poneys sauvages sont au bord da route. Un vague barbelé les maintient en dehors des routes. Mais ils ont toute la montagne pour eux...... Très belle vue sur les criques en contre-bas.

Au retour on finira quand même par une balade qui mène à une chapelle dans les rochers du rivage, un coin un peu désolé où  se trouve un port inachevé à l'abandon car placé dans le coin le plus venté de l'île. Sans doute une idée de technocrates athéniens et d'huiles locales en mal de ré-élection et vraisemblablement financée par l'Europe.

Retour au port, un peu crevés, ce scooter n'est pas particulièrement silencieux ni confortable et les routes sont plutôt chaotiques : moutons et chèvres traversent à l'envie, virages serrés avec gravier, vue à admirer et tutti quanti. Mais il faut s'y faire car on ne trouvera sans doute pas mieux à louer dans les îles..

 
Aujourd'hui, discussion avec Sakis sur leur vie sur l'île. Pas facile, mais bien mieux qu'en ville, "avant quand j'avais de l'argent, je partais en vacances", me dit-il. ..... son rêve s'acheter un scooter électrique pour venir au boulot.